Et si on retournait au début

J’ai envie d’écrire la fin. Parce que je vais bien, que je suis en couple avec un homme que j’aime et qui m’aime (il n’a pas besoin de le dire, je le sais).

J’ai envie d’écrire comment un homme réussira à apaiser la colère et le tourbillon de Cath.

Mais je n’ai pas établi encore tout ce que Cath est. Tout ce qu’elle a vécu et surtout, je n’ai aucunement approfondi le thème du couple, des relations, des nuances et de l’éventail dans l’amour. C’était la raison pour laquelle j’écrivais ce projet. Je me suis calmée de mon côté. Mais Cath n’est pas rendue là. Et je dois lui laisser le temps d’y arriver.

Cath n’est pas moi. Elle souffre. Elle rage. Elle veut tellement. Elle n’arrive pas à prendre sur elle. Elle est explosive.

Je dois me replonger aux débuts de cette quête: Cath vient de se faire laisser par celui qu’elle imaginait être le père de ses enfants et réalise qu’elle ne l’aimait pas, dans le fond, et que c’était une relation abusive à laquelle elle s’est soumise. Plus jamais on ne l’y prendra, jure-t-elle. Plus jamais.

Elle cède à un premier amant et ouvre une porte de son monde: elle peut découvrir sa sexualité sans avoir à être amoureuse. Toute une nouveauté pour Cath. Elle s’y perdra, par contre. Car on ne peut faire autrement que se perdre dans ce jeu-là… Elle apprendra beaucoup sur elle tout de même. Elle comprendra en cours de route qu’elle a un trouble de la personnalité limite et devra se découvrir là-dedans.

J’ai les pieds bien fixés au sol, maintenant. Je n’ai plus peur de glisser en replongeant dans la détresse mal cachée de Cath. J’y vais.

Trop longtemps.

Ça fait très longtemps que je ne me suis pas occupée de ce projet. C’est dommage: c’est un projet qui me tient à coeur, pourtant.

Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie personnelle qui peuvent avoir contribuer à ma pause d’écriture. C’est là où la vie de la l’auteure se sépare de la vie de Cath: je n’en ferai pas état ici!

Je suis en panne sèche d’écriture. De tous les côtés, dans tous mes projets. Panne. J’ai envie de m’y remettre, mais je peine à le faire.

Je pourrais travailler l’aspect documentaire de ce projet. J’essaie de me motiver. De m’encourager. De trouver des pistes pour reprendre les rênes.

J’avais un peu oublié ce projet, en fait. Ce blogue mérite de vivre.

J’avais même oublié le nom de mon personnage.

Pauvre Cath. Elle vit tant de détresse. J’ai tant de plaisir à lui donner la parole, pourtant.

Je m’y remets. Oui. Je reprends la plume et je m’y remets. Plonger. C’est tout ce qu’il faut faire.

Go. Shoot.

Et je ne sais pas pourquoi

CATH écrit aussi parfois. Elle écrit sur sa douleur de n’être jamais celle qu’on préfère. Elle écrit parce qu’elle n’oserait jamais dire qu’elle se sent vulnérable, qu’elle est fragile. Elle ne trahirait pas se inconsistances, ses contradictions devant cet homme qu’elle aime sans se l’avouer. Cet homme qu’elle ne peut pas aimer. Cet homme qui n’est qu’une image de tous ces hommes qui ne l’aiment pas. C’est son cri: Aimez-moi, n’importe qui. Un cri qu’elle voudrait faire entendre à cet homme, même si ce n’est pas celui qu’elle choisirait. C’est celui qui est là et celui à qui elle fait porter la responsabilité de l’aimer. Parce qu’il faut bien, qu’une fois, quelqu’un l’aime, cette pauvre CATH toute sauvage.  

Je suis sur toi. Au milieu de la nuit. Il a fallu que je te tire de du sommeil pour t’avoir un peu.

Je suis sur toi et je me donne du plaisir avec ton membre dur. Érigé par moi.

Mais il ne bat pas pour moi.

Tu ne m’aimes pas.

Je vais et je viens, je m’empale sur ta tour d’ivoire, précieuse et secrète. Je sens ma peau qui s’arrache à la tienne chaque fois que je remonte. Et je retombe sur toi. Ma peau se fusionne à la tienne, encore. Encore. Encore.

Mais inlassablement, je te repousse. Je remonte et je me déchire à ta peau. Je me défais de toi.

Tu ne m’aimes pas. Sais-tu que je ne suis déjà plus là?

Et je ne sais pas pourquoi tu me rappelles toujours. Je ne suis pas dupe. Tu sais m’oublier quand tu n’as pas besoin de moi. Mais tu me rappelles toujours. Tu me retiens, même si tu n’as plus envie de moi. On est un vieux couple et tu ne m’aimes pas. Il reste quoi? Déjà plus rien. Mais tu me rappelles toujours.

Tu ne m’aimes pas. Alors ne m’aime pas. Ne fais pas semblant. Et, surtout, ne dis rien tout bas quand je n’écoute pas.

On ne m’aime pas. Je ne suis pas de ces femmes qu’on choisit. Je ne suis pas de ces femmes pour qui on s’enflamme et je ne sais pas pourquoi. Il y a eu des hommes, oui, que j’ai ensorcelés. Ils ont dit cela, que je les avais ensorcelés. On m’a dit souvent que j’étais extraordinaire. Je ne veux plus. Il y a toujours un mais. Je ne suis pas extraordinaire-mais. Je suis moi, charmante, unique, moi, une femme d’exception et plus rien en bas de ça.

Sais-tu que tu as besoin de moi pour l’aimer elle. Tu me l’as dit. En d’autres mots, mais tu l’as dit. Juste elle, tu t’ennuierais. Il te manquerais quelque chose. Et je ne te sers qu’à en aimer d’autres, qu’à maintenir ton équilibre. C’est le bon équilibre, n’est-ce pas? Oui. Pour toi. Je te sers. Tu te sers de moi. Et moi, tu ne m’aimes pas. Et je ne sais pas pourquoi.

Je sais. Je me sers de toi aussi. En ce moment, bien assise sur ta fourche pendant que tu me regardes les yeux endormis, mais pleins d’étincelles de désir. Un désir endormi. Je me sers de toi. Ce n’est pas tout à fait ça. Je te cherche. Je voudrais te rendre fou de moi. Réveiller chaque parcelle de ta peau. Mais tu t’ennuies. Tu m’as trop vue et tu ne sais plus me découvrir. Tu n’as jamais vraiment essayé de me découvrir, il faut dire. Alors je me sers de toi pour te reconquérir. C’est idiot. Je veux que tu meures de mon départ. Que ton corps s’assèche de ne plus s’abreuver au mien. Et c’est idiot.

Le sais-tu que tu m’as déjà perdue? Que je suis déjà loin? Que chaque fois qu’on se voit, que tu m’enfonces ton arme secrète dans le ventre comme un couteau, tu me perces, me blesses? Tu ne le sais pas. Tu ne le sauras pas. Est-ce que seulement ça t’importe? Ne suis-je pas que jeu et matière à pétrir pour toi? Je suis une pâte à modeler entre tes mains qui me forment à coup de chaleur et de bonjours. Je fonds, mais me refroidis, chaque fois, très vite.

Je ne suis pas dupe. Ni accro. Le sais-tu que je suis déjà partie? Que je ne fais que manger les miettes, que lécher l’assiette vide pour en saisir les derniers plaisirs?

Tu ne veux pas que je parte. Tu veux me garder. Me tenir du bout des doigts.

Tu as peur de nous perdre toutes les deux. Tu m’as déjà perdue. Comme j’espère qu’elle te quittera aussi. Que tu nous perdes. Et qu’elle ne gagne pas.

Je ne veux pas vous laisser seuls.

Je me console. Tu la quitteras. Si je pars, tu te lasseras d’elle aussi. Elle seule ne peut maintenir ton équilibre. Tu la verras plus souvent. Tu croiras même que vous pouvez être en couple, ouvert. Puis tu te lasseras comme on se lasse d’un jouet qu’on croit connaître trop. Tu es comme ça. Un homme de superficie. Qui craint de plonger en profondeur. Tu reste en surface et c’est décevant. Quand on est intelligent, on a la responsabilité de se montrer à la hauteur. Tu ne t’engages pas. Est-ce vraiment ce que tu veux montrer à tes enfants, qu’on a le droit d’être complètement désengagé de toutes ces femmes qu’on met dans notre lit? Qu’on peut jouer avec un humain comme avec un objet qu’on jettera lâchement?

Je ne veux pas te perdre.

Je veux te quitter. Que tu en souffres. Que tu me cherches dans tes draps. Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de te dire oui quand tu me rappelles. Et tu me rappelles toujours. Et je joue le jeu parce que j’aimerais y croire.

Je veux que tu me gardes contre toi, encore. Encore. Encore. Et je rêve, la nuit, que je te quitte. J’y pense le jour, aussi. Toujours, tout le temps.

On joue, d’accord? On joue que je te quitte et que tu fais tout pour me garder. On joue que tu es amoureux fou. Tu n’as pas le droit de te détourner de moi. C’est moi qui te quitte. Moi qui te fais mal. Juste moi. On joue, d’accord?

Mais tu ne te pointeras pas devant chez moi, les yeux pleins d’eaux. Tu ne chuchoteras pas dans mon cou : Reste, reste encore. J’aimerais que tu ne me laisses pas partir. Que tu t’obsèdes de moi. Que tu me veuilles à ton bras. Je veux que tu m’aimes un peu.

Et je ne sais pas pourquoi tu ne le feras pas.

Tu ne le feras pas et je ne sais pas pourquoi.

Je ne sais pas aimer

Cath a reçu un diagnostic de trouble de la personnalité limite (j’écrirai cette scène plus tard). Elle apprend à jongler avec ce diagnostic qu’elle ne comprend pas, qu’elle n’assimile pas. En même temps, ce que le médecin lui a expliqué réveille des sentiments connus en elle. Évidemment, comme elle se place toujours dans des relations qui ne peuvent pas lui donner ce dont elle a besoin, les inconforts s’accumulent. Je suis en train de l’acculer au pied du mur. Elle n’aura plus le choix de changer. Elle a couru trop longtemps pour ne pas tomber. J’aimerais serrer Cath dans mes bras, parfois. Ce soir, je le fais. Comme d’habitude, ce texte est un premier jet. Il faudra le peaufiner…

Je pleure.

Je m’enfonce et je pleure.

Des vérités qui me sont forcées en bouche. On me fait dire des choses. On m’impose des perceptions de moi qui ne me vont pas.

Je me découvre dans l’œil de l’autre et je pleure. On m’enfonce. Je croule sous les regards mauvais. Aimant, peut-être, mais mauvais.

Je n’arrive pas à être aimée. À être aimée en premier. À être la plus importante dans la vie de quelqu’un.

Je n’arrive pas à aimer. Je mets les autres en premier. Je les rends importants, ils les plus importants dans ma vie.

On m’a dit que je devais arrêter d’être forte tout le temps, que je devais accepter et montrer ma vulnérabilité.

Je l’ai fait.

On m’a dit que je devais arrêter de prêter le flanc. De mettre ma fragilité entre les mains des gens. Parce que les gens sont comme ça. Tu leur donne un cœur qui bat, ils l’écrasent juste pour voir.

Je ne sais plus comment faire.

Je ne sais pas comment être aimable.

On me dit que j’ai un trouble de la personnalité. Je ne veux pas. Je ne veux pas être vue comme ça. Je me fâche. En douceur pour ne pas donner raison.

Je suis blessée. Triste. J’essaie de me reconstruire. Je n’arrive plus à me définir. Évidemment que je suis attentive à ce qu’on dit à mon sujet. Au regard des autres. Comment faire autrement quand on a perdu nos repères?

On me demande d’être une femme en contrôle, qui sait où elle s’en va. Je le suis, même si mon chemin est encore incertain. J’y vais, même si je ne sais pas comment me rendre. Je suis en mouvement. Toujours en mouvement.

On m’a aimée. Je le sais. Mais je n’ai pas aimé en retour. Difficile de constater que c’est moi qui ai tort. Difficile d’avouer que je le sais.

Je m’attache. Je voudrais être de pierre et n’éprouver rien pour les gens. Mais j’aime les gens. Je les aime tellement. Tous. Je finis souvent même par aimer mes ennemis. Alors je ne peux plus leur en vouloir parce que j’ai compris. J’ai compris comme ils peuvent penser. Comme ils peuvent avoir agi avec les moyens du bord. J’agis souvent avec les moyens du bord.

Il y a un torrent de colère qui déferle en moi. Je hais les gens qui font mal parce qu’ils le peuvent. Les gens qui abusent des poupées de porcelaine parce qu’ils sont forts, parce qu’elles sont douces et fragiles. On devrait prendre soin des poupées de porcelaine, même quand elles sont des épines et qu’elles se débattent, une agitation digne de l’exorcisme.

Je me débats. Je me débats parce que j’ai mal et que je ne sais plus quoi faire pour être aimée. J’ai essayé ce que tout le monde fait: aimer par le cul, être sexy, être cochonne, dépasser mes limites. J’ai essayé de faire ma « hard to get ». Rien de ça ne me semble honnête, vrai. On me dit que je dois jouer pour gagner à la séduction. Je n’ai jamais aimé me déguiser. Et comment me faire respecter quand mes colères sont un symptôme de mon trouble de la personnalité et non un comportement normal quand on m’a blessée ou qu’on va trop loin?

Je voudrais qu’on prenne soin de moi, mais on m’a dit que ce n’était pas sexy. Alors je joue les fortes et je flanche au premier regard de travers. Je flanche, je crie et je pleure.

Je pleure.

Je ne sais pas aimer.

Je n’éprouve pas d’attirance sexuelle ou romantique, et c’est tout.

Particulièrement intéressant pour nourrir ma Cath. Son trouble de personnalité limite peu impliquer qu’elle se vautre dans la sexualité dans sa quête d’amour parce qu’elle n’arrive justement pas à éprouver l’amour. Un des symptômes aussi des gens qui ont un trouble de personnalité limite peut être d’exagérer une sexualité alors qu’ils ont un dégoût ou un désintérêt pour ça. J’ajoute donc cet article pour le lire en entier plus tard!

Je veux être la plus importante

Je laisse ça ici. Ça me servira certainement pour une prochaine scènes. Parce que c’est clair que Cath veut être la plus importante dans un couple ouvert. Et je crains que je vais devoir la faire passer en deuxième ou en troisième pour les fins de l’expérience. Pauvre Cath et, surtout, pauvre Mathieu qui paiera les frais de ses crises d’angoisse!

les fesses de la crémière

Quand on sort des sentiers (re)battus du couple exclusif, l’expression des besoins de chacun revêt une importance cruciale afin de savoir où l’on veut aller. Mais il ne faut surtout pas s’arrêter à des formulations vagues et comparatives. Il faut savoir reformuler ses exigences pour qu’elles soient concrètes et vérifiables.

Voir l’article original 994 mots de plus

Polyamoureux ou célibataire?

Cath réfléchit.

J’ai du mal à concevoir une personne qui se dit polyamoureuse, mais qui n’a aucune relation amoureuse comme étant autre chose qu’un célibataire. Un polyamoureux doit, par définition il me semble, être amoureux. Amoureux, ça implique un engagement, non? Je le crois. Je continue à croire, même si j’ai expérimenté plein de choses, que ce qui sépare l’amant de l’amoureux, c’est l’engagement qu’on prend à approfondir la relation, à accepter tout ce que l’autre est. C’est surtout ça: accepter tout ce que l’autre est, et l’aimer même si c’est difficile, même s’il y a des déceptions, travailler à approfondir notre connaissance de soi et de l’autre à deux, approfondir notre amour l’un pour l’autre. N’est-ce pas l’engagement que nous prenons lorsque nous sommes amoureux?

Et qu’en est-il de la situation où notre amour n’est pas réciproque? Retrouve-t-on le même engagement? Je le crois, aimer c’est s’engager à découvrir l’autre sans rester en surface, sans cachette, sans faux semblant. C’est accepter la déception, la peur, le rejet. C’est ça, dans le fond, aimer.

Le polyamoureux qui s’engage avec plusieurs personnes, je suis prête à le reconnaître et je trouve même légitime son envie d’approfondir plusieurs relations en même temps. Mais celui qui se dit polyamoureux et qui n’a aucune relation vraiment profonde, aucune relation d’engagement, n’est-il pas plutôt un célibataire qui se cache à lui-même sa peur de l’engagement, cette peur ou ce refus d’assumer une relation plus intense qui vient avec des hauts et des bas, qui demande du travail, qui demande d’affronter les crises de l’autre, l’envie de partir de l’autre et les blessures de toutes sortes?

Le célibataire qui lie plusieurs relations, aussi importantes soient elles, mais qui se dit célibataire puisqu’il ne veut pas être en couple est-il lui aussi en plein mensonge? Il est peut-être plus impliqué qu’il ne le croit et vit des relations de couples avec des engagements divers et pourrait donc être appelé polyamoureux?

Elle est où la limite entre le polyamoureux et le célibataire qui a plusieurs amants? Cette nuance n’est pas claire. Il y a de la recherche à faire…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Polyamour

http://polyamour.info/definition/

http://polyamour.info/-dr-/Erreurs-courantes-en-polyamour/

http://polyamour-quebec.ca/

 

Ce que Cath n’est pas

J’ai reçu beaucoup de commentaires sur Cath. Oui, oui, elle est rude, dure, malgré tout attachante. Bien sûr, elle a un problème de personnalité, probablement trouble de personnalité limite ou borderline. Oui, elle agit comme une poule pas de tête, parfois. Oui, elle dit tout ce qui lui passe par la tête sans mettre de gants blancs.

Mais Cath n’est pas une insensible. Elle n’est pas qu’un trouble de la personnalité. Elle n’est pas qu’une grande méchante qui frappe là où ça fait mal.

Cath est une grande blessée. Elle frappe quand on lui fait mal… là où ça fait mal. Et elle se défend avec ce qu’elle a: sa sensibilité à fleur de peau. Elle réagit quand on met le doigt dans sa plaie, qu’elle laisse guérir à l’air libre, prêtant le flanc à tout le monde, ne se protégeant pas comme elle le devrait. Elle a une plaie béante et laisse quiconque s’approche jouer dedans. C’est sa fragilité, sa vulnérabilité. Elle tente de cacher que ça la dérange. Elle tente de faire croire que sa plaie n’est pas si importante. Mais c’est une brûlure au 3e degré et ça chauffe tout le temps, même quand elle arrive à ne pas y penser.

Ces derniers temps, mes mots ne sortent pas comme je l’aimerais. Ils restent coincés dans le bout de mes doigts. Quand ils franchissent la barrière des touches du clavier ou du crayon sur le papier, ils me semblent fades. Ce que j’écris est banal. Alors j’utilise mon temps à penser Catherine. Oups! Cath! Je pense à Cath et au mur qui l’attend. Je sais qu’elle devra frapper son mur pour aller de l’avant. On doit tous le faire.

Je pense aussi beaucoup à ce qui l’a menée là. Elle a souffert. Elle a vécu tant de rejets. Elle n’a pas été importante comme elle en aurait eu besoin. Ou alors a-t-elle toujours été la plus importante jusqu’à ce que ce titre lui soit ravi et qu’elle doivent apprendre à venir deuxième? Je me dis que Cath a dû vivre d’un peu des deux et apprendre à vivre avec ce sentiment de déchéance. Elle se sent déchue de son titre, notre Cath. Ma Cath… C’est un personnage que j’aurais envie de tenir dans mes bras pour la rassurer. Elle est importante pour moi. Par quoi vais-je devoir la faire passer?

On m’a aussi dit récemment que ce texte était de l’auto-fiction. J’ai toujours détesté ce terme. Bien sûr qu’il y a une part de moi dans cette histoire. Mais je me retrouve autant dans Cath que dans chacun de ses amants. Et quel roman ne contient pas une part de l’auteur? Mon histoire part d’une quête qui était la mienne, mais ce que fait Cath dépasse de loin mon histoire personnelle. Il y a moi et il y a Cath. Deux personnages distincts.

Dans mes réflexions, je me suis rendue compte que Cath s’est perdue en chemin. Elle aurait voulu comprendre l’amour, mais s’est perdu en érotisme. Elle a fini par chercher l’amour parmi ses amants. Cath sait bien qu’elle ne trouvera pas là. Mais elle s’est perdue et ne sait plus comment rebrousser chemin. Je suis comme elle, perdue. Je l’ai menée là et je ne sais plus comment raconter ce qu’elle était au départ. Sa naïveté, sa pudeur, sa candeur. Elle était presque pure avant tout ça. Avant de se lancer dans des aventures d’amants et de vouloir agrandir sa zone de confiance et augmenter son expérience sexuelle. Elle en a eu besoin, maintenant, il lui faut se recentrer. Il me faut me recentrer pour écrire l’avant et l’après.

Ma Cath n’est pas une auto-fiction. Mais sa quête est un exutoire pour moi, je ne m’en cache pas. Comment me recentrer pour retrouver le fil de son histoire, c’est aussi me demander comment me recentrer pour retrouver ma route à moi en même temps que le plaisir d’écrire et l’inspiration pour continuer de nourrir mon personnage.

L’écriture et ses quêtes. Parce que Cath n’est pas une facette de moi. Parce que je ne dois pas la laisser tomber. Parce que Cath n’est pas un projet que je vais abandonner.

Je ne serai pas ton chum 2

J’ai décidé de faire une deuxième écriture de mon dernier billet. C’était du premier jet et j’ai continué à réfléchir à la question.

En rappel: Ce texte m’inspire. Ça m’a fait réfléchir alors aussi bien mettre ça dans la bouche d’un personnage ou deux. C’est toujours plus intéressant quand on peut dialoguer au lieu de penser en rond!

Quel nom pour cet amant… Je ne sais pas encore. On va l’appeler Homme pour le moment. Il faudra vraiment que je clarifie qui sont ses amants à CATH. Il faut qu’il y en ait un certain nombre… mais sont-ils tous nécessaires? Pour le moment, j’ai l’impression que chaque nouvel apprentissage, chaque nouvelle intervention et discussion vient d’un homme différent. Et c’est rien parce que je compte bien plonger aussi CATH dans des aventures avec des femmes! Un arbre à amants s’impose. À suivre. Homme, ce sera Mathieu. Il sera un amant à lui seul, je ne le fusionnerai pas avec un autre personnage. C’est lui qui permettra à CATH d’envisager le polyamour et l’échangisme dans son éventail de possibilités. Je ne sais pas si c’est vers cette option qu’elle penchera, mais ça la fera certainement travailler sur son côté possessif. Pas possessif, non, plutôt inquiet. Inquiète qu’on la largue encore parce qu’on a trouvé quelqu’un de plus trippant qu’elle. 

MATHIEU
Je ne serai jamais ton chum.

CATH
J’ai jamais dit que je voulais que tu sois mon chum non plus…

MATHIEU
T’as pas besoin de le dire! Ça fait partie de tes charmes.

CATH
Prétentieux. Cute, mais prétentieux. Les gars pensent tout le temps que je suis amoureuse d’eux. Je n’ai pas été amoureuse depuis très longtemps. Jamais, en fait. J’ai peut-être jamais été amoureuse.
(Elle joue avec ses doigts. Voudrait pouvoir arrêter. Elle place ses mains bien à plat sur ses genoux. Voudrait sentir ses gestes naturels…)

MATHIEU
C’est pas que je ne t’aime pas. Tu me charmes. Tu m’envoûtes, même! Mais je ne peux pas être l’homme d’une seule femme.
(Il essaie de s’approcher. Elle réagit, saisie, trop brusquement comme d’habitude.)

CATH
(Avec un ton trop sec pour la conversation.) Je sais! Mais je comprends pas pourquoi t’es si sûr de toi. Ça ressemble plus à une période fuck-all-post-couple-qui-a-fait-mal.

MATHIEU
Non. J’ai fait mes recherches, j’ai eu mes rebounds.

CATH
Ouais, ouais.

MATHIEU
T’aimes pas ça, hein? T’aimes pas l’idée que je ne serai probablement jamais en couple hermétique.

CATH
Hermétique?

MATHIEU
J’ai dit hermétique? Je voulais dire monogame. Tu vois ce que mon inconscient en pense! Je fake pas!

CATH
Et tu es capable de dire, ici et maintenant, que tu es sûr et certain que tu ne changeras jamais d’idée. Jamais! Que personne jamais ne te donnera envie d’être en couple monogame et même d’avoir d’autres enfants? JAMAIS? T’es un fucking devin ou quoi?
(Elle ne sait pas pourquoi elle crie presque. Elle voudrait être calme. Elle est fâchée. Elle ne comprend pas pourquoi. Mais il la fâche.)

MATHIEU
Je ne suis certain de rien, CATH. Mais ce n’est pas comme ça que je vois mon avenir, non. Et les enfants, j’en ai eu trois, ma famille est faite. Je ne veux pas recommencer. De ça, j’en suis certain.

CATH
Je crois pas à jamais.

MATHIEU
Tu n’y crois pas ou tu ne veux pas que ce soit vrai?

CATH
(Baisse les yeux. Ne pas montrer qu’elle est troublée. Relever les yeux et darder son regard sur l’autre.)
On parle de toi. Pas de moi. Moi, je m’adapte à ce qu’on me donne. T’es pas l’homme de ma vie, désolée.

MATHIEU
Cath…
(Il place sa main sur la sienne. Elle reste là, figée. Ne répond pas à son geste d’affection. Il se sent niais, il reprend sa main.)

CATH
Ben quoi? Moi je rêve d’un gars qui va vouloir m’avoir moi. Pas me mettre dans un tas de filles dans lequel il va pouvoir choisir quand bon lui semble. Je suis pas un objet qu’on peut piger selon son bon vouloir. Je ne suis pas ça.

MATHIEU
Ah! Mais ce n’est pas comme ça que je vous voie, mes amantes! Vous êtes toutes importantes. Vous me permettez toutes d’être une partie de moi qui m’est essentielle. Que je ne peux pas être autrement.

CATH
Tu vois, pour moi, ça, c’est de la bullshit. Parce que moi, je travaille à être moi à temps plein. Complète, incontrôlable et moi. Pis ça, sans l’aide de personne.

MATHIEU
Et tu es heureuse comme ça?

CATH
Va chier.

MATHIEU
(Saisi. Il se rapproche)
Je ne voulais pas te blesser. C’était une question. Pour amener le point que je suis heureux comme je suis et qu’on est simplement différent.

CATH
Oh. Euh. S’cuse (presque inaudible). Je suis pas heureuse. Tu le sais. J’ai mal. Tout le temps. (Toujours presque inaudible. Les yeux sur la tache de café sur le divan. Espère que c’est du café et pas autre chose. Voudrait être la tache et disparaître dans le tapis.)

MATHIEU
Et moi je suis bien quand tu es là.

CATH
(À voix basse.)
Mais tu es aussi bien quand je n’y suis pas.

MATHIEU
(Visiblement touché par la vulnérabilité soudaine de Cath.) Je suis différent quand tu n’es pas là. C’est juste ça. Je suis différent.

CATH
Et t’arrives pas à être toi au complet avec moi. Pourquoi?

MATHIEU
Cherche pas toujours à te faire mal toute seule. Personne peut être pareil avec tout le monde. Cath. Tu cherches quelque chose qui ne se peut pas. Viens. Viens écouter mon cœur. Ce soir, il bat juste pour toi, ma WildCath!

CATH
Non. Tu te rends pas compte. Tu te rends pas compte de ce que tu nous fais.

MATHIEU
Qu’est-ce que je vous fais? Viens te coller pour me raconter ça.

CATH
Arrête d’essayer de m’amadouer avec des colles-colles.

MATHIEU
Oups. T’es vraiment fâchée, là?

CATH
Big time. Tu te rends pas compte que tu nous fous dans des petits cases. «Juste bonnes à faire sortir cette personnalité-là en moi.» En voulant être une petite parcelle de toi avec chacune de nous, tu nous obliges à être ce que tu attends de nous. T’es un pervers narcissique. Tu joues avec nous comme avec des marionnettes.

MATHIEU
Tu te plaignais pas tantôt!

CATH
Y’a pas juste le cul dans vie. Comment tu veux que j’aie une relation plus profonde avec toi si tu ramènes tout au cul et que tu ne veux pas être toi tout entier avec nous? Hein?

MATHIEU
Cath… Je voulais détendre l’atmosphère. T’es fâchée. Je ne sais pas pourquoi tout à coup. Je t’ai blessée en te disant que je ne serai jamais ton chum?

CATH
Change pas de sujet. Comment tu peux affirmer que tu veux approfondir les relations avec nous si tu n’arrives pas à être entier avec nous.

MATHIEU
As-tu une relation profonde avec ta meilleure amie?

CATH
Oui…

MATHIEU
Avec tes autres amants?

CATH
Avec certains oui, d’autres non.

MATHIEU
As-tu une relation profonde avec tes parents, ta famille?

CATH
Ben oui, mais c’est autre chose… Ça n’a pas rapport.

MATHIEU
Oui. Oui, parce que tu as une relation profonde avec chacune de ces personnes, que ce n’est pas la même chose et que tu es différente avec chacune. Pourquoi ça n’aurait pas rapport? C’est quoi la différence?

CATH
C’est que… (Ses yeux cherchent la réponse dans les airs.)
C’est pas pareil. C’est pas une personne avec qui tu veux partager la plus profonde intimité. C’est comme si tu avais renoncé à l’intimité avec une femme.

MATHIEU
Euh… on a baisé dans pas mal toutes les positions et j’ai visité pas mal toutes les parties de ton corps.

CATH
Oui, mais tu sauras jamais (sa voix casse, comme si elle allait pleurer. Elle se ressaisit.) Tu sauras jamais ce que je mets sur mes toasts le matin, comment je m’endors, dans quel sens je me brosse les dents, si j’oublie de fermer la porte de l’armoire quand je prends une assiette, c’est quoi ma routine quand je rentre du travail, à quel point je pourrais être charmante quand tu reviendrais du travail. Tu me laisseras jamais te montrer que je danse dans le salon quand je me sens super à l’aise. Faque tu viendras pas me surprendre par en arrière pour danser avec moi. Tu ne m’entendras jamais chanter dans ma douche parce que je me pense toute seule. Tu ne frissonneras jamais en me voyant prendre un bébé en te disant: «wow, cette femme-là, je veux avoir des enfants avec elle.» Tu ne me laisseras jamais te montrer mon charme. Tu te plantes déjà les deux pieds dans le béton avant même qu’on puisse penser à marcher ensemble. Pis tu me dis que je ne me laisse pas assez aller avec toi?

MATHIEU
Cath… Je… (Il ne voit rien d’autre que les larmes sur ses joues, ses cheveux qui bougent à peine parce qu’elle est figée sur place, sa bouche gonflée d’avoir pleuré. Son visage. Il ne l’a jamais vue comme ça.) Je comprends ce que tu veux. C’est juste pour ça que je te dis que je ne serai jamais ton chum. Je ne peux pas te donner ça. Mais je sais que tu prends du Nutella sur tes toasts. Que tu ne bois pas de café, mais que tu sautilles sur place quand on t’offre un thé. Tu m’as déjà chanté quelques notes dans la douche. Tu ne le sais pas, mais je t’ai regardé t’endormir dans mon lit. Non, je ne sais pas ce que tu ferais si tu m’attendais au retour du boulot, mais je sais le plaisir que j’ai à me préparer quand je sais que tu t’en viens. Et te voir comme ça en ce moment, ça me crève le cœur parce que je ne veux pas te faire mal. Je peux t’offrir tout ce que je suis, mais ça implique que je ne serai pas exclusif. Parce que c’est ce que je suis. Et quand je suis avec toi, je pense à toi, juste à toi. Pis là, je vais mourir de tristesse si tu viens pas dans mes bras. J’ai envie de prendre soin de toi et qu’on se colle pendant longtemps. Viens.

(Cath se laisse faire, vidée par toutes les émotions qui tourbillonnent en elle. Il vient de l’achever. Elle va s’attacher, c’est sûr.)